top of page
pelarose

Tomas, Bartleby, Pierre-Hector

Dernière mise à jour : 2 févr. 2021

Nous savons que Tomas est le personnage principal dans le roman de Kundera : « L’insoutenable légèreté de l’être », dont j’ai parlé ci-devant ; Bartleby est presque le seul acteur dans le roman éponyme de Herman Melville ; et Pierre-Hector Taut est le héros principal dans le récit de Larose. « L’homme écarlate ».


Comparons le tempérament de ces êtres, tel que créés par leurs auteurs.

Le motif de cette comparaison est que le début de mon récit mentionne le nom Bartleby sans mentionner son histoire. Une fois celle-ci connue des lecteurs (car quelques-uns m’ont demandé des éclaircissements à ce sujet), ils comprendront pourquoi l’insertion initiale de ce personnage.


Tous connaissent sans doute Moby Dick ou Le Cachalot blanc, titre d’un roman d’Herman Melville (1819-1891), à cause du film Moby Dick (1956), du réalisateur John Huston (1906-1987) ; peu de gens connaissent cependant Bartleby, roman de Melville au personnage éponyme. (Notons en passant que la structure des chapitres, dans Moby Dick, a inspiré celle des miens dans « L’homme écarlate ».


Voici en bref son histoire. Un notaire tient une étude où des avoués (copistes ou scribes), font des copies d’actes originaux. C’est leur seul travail ; ils le font à longueur de journée. Un jour arrive dans l’étude un nommé Bartleby. C’est un type travailleur, lisse, consciencieux , taciturne ; il ne parle à personne. Un jour, un avoué lui demande de collationner un acte avec lui. Il répond : « Je préférerais ne pas (le faire), ou je n’aimerais mieux pas ou je n’aimerais autant pas. ». Par la suite, quand on lui demande de faire des travaux, c’est toujours la même réponse. Il ne refuse pas ouvertement, mais il reste inexorablement collé à faire des copies. Et il ne mange que des biscuits au gingembre. Un matin, un avoué le voit endormi sur son pupitre. Puis, il le trouve si peu coopératif et désagréable qu’il quitte l’étude. Ensuite, pris de remords, il revient le voir. Mais l’attitude de Bartleby ne change pas. Quand il est licencié, il refuse de partir. C’est toujours la même marotte tout au long du roman. À la fin, il est incarcéré et est trouvé mort dans un coin de sa cellule. Melville termine le roman par ces mots : « Ah Bartleby ! Ah humanité ! ».


C’est un roman à forte teneur philosophique. Gilles Deleuze dit : « Fuir, mais en fuyant, chercher une arme ». La fuite n’est pas une défection, mais une nouvelle stratégie de lutte.


P. Jaworski (Melville, Le désert et l’empire. Paris, Presses de l’Ens) écrit : « Bartleby, c’est le merveilleux mystère d’une parole qui dit en même temps presque oui et presque non. Bartleby est presque immobile, presque silencieux, presque inutile, presque mort, presque incompréhensible. Presque est le mot de la limite mouvante, de la trace qui va s’effaçant, du signe qui va pâlissant ».


Maintenant, lecteur, si vous avez lu « L’homme écarlate », et retenu la description que je fais du tempérament de Pierre-Hector, vous comprendrez que le tempérament de ce dernier s’apparente à celui de Bartleby. Voilà la raison pour laquelle ce personnage intervient au début de mon roman. Cette superposition des deux tempéraments est supposée renforcer l’effet romanesque. Et à défaut de la crise survenue à Pierre-Hector, il aurait été possible qu’il finisse ses jours comme Bartleby.


Quant au Tomas de Kundera, il m’a fort intéressé, car comparé à celui de Pierre-Hector, on peut dire que c’est son image inversée ; sa philosophie de vie et spécifiquement sexuelle est diamétralement opposée à celle de Pierre-Hector, dont la vie sexuelle est pleine d’inhibitions, et pour qui l’amour et son acte ne doivent pas être pris à la légère, à la manière de Tomas, qui mène une vie malheureuse avec Tereza et qui ne connaît ni joie ni bonheur, malgré tous ses exploits sexuels à répétition.



ความคิดเห็น


bottom of page