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pelarose

Personnages dans « L’insoutenable légèreté de l’être »

Quand j’ai commencé à lire Kundera, mon intention était de lire complètement son œuvre. La lecture des romans-ci : « La Plaisanterie », « L’insoutenable légèreté de l’être », et « Le livre du rire et de l’oubli », a en quelque sorte rassasié ma curiosité. Et même si je n’ai qu’effleuré leur contenu, le présent blogue sera l’avant dernier commentaire à leur sujet.


L’insoutenable légèreté de l’être.


Milan Kundera est romancier ; à ce titre, il crée des personnages, les fait naître, les fait vivre et agir selon sa propre volonté. Dans ce roman-là, cinq personnages apparaissent : le couple Tomas et Tereza ; celui de Marie-Thérèse et de Franz ; et celui de Sabina, artiste peintre, maîtresse de Tomas et de Franz.


Tomas et Franz ont tous deux été licenciés de leur poste respectif, l’un de sa profession de chirurgien, éminent, et l’autre de son statut de professeur, reconnu ; ils sont réduits à des emplois subalternes. Parce que leur idéologie diffère de celle du parti communiste, qui a envahi leur patrie, la Tchécoslovaquie.


Sabina quitte Franz parce que celui-ci s’est séparé de sa femme et lui a avoué sa liaison. Elle ne trouve plus d’intérêt sexuel avec son amant s’il lui fait l’amour « au grand jour ». Il se lie avec une étudiante à lunettes, qui ne satisfait pas complètement son ambition ; il s’éloigne d’elle en se vouant à un mouvement humanitaire. Manifestation contre le régime cambodgien. Il finit ses jours assassiné par des voleurs. Sa femme Marie-Thérèse se leurre sur les intentions de son mari qui l’a quittée. Même mort, elle croit encore qu’il l’a toujours aimée.


Des hasards et la nécessité sont la cause de la rencontre de Tereza et de Tomas. Voici comment : Tomas, divorcé depuis 10 ans, chirurgien éminent, vit une vie de célibataire ; il collectionne des morceaux de plaisir auprès de ses maîtresses, comme d’autres collectionnent des pièces de monnaie rares. Sa préférée se nomme Sabina, celle qui est la plus compréhensive.


Un jour, Tomas est obligé de remplacer le chef de service de l’hôpital, où il est affecté, parce que le hasard a voulu que ce dernier ait une sciatique ; il doit donc se rendre dans une petite ville de Bohême, située à 200 kilomètres de Prague, pour soigner une méningite. Il y a cinq hôtels dans cette ville. Il descend par hasard dans celle où Tereza est serveuse.


Tereza est née par hasard, parce que son père, un « homme viril » a omis de faire attention à ne pas mettre sa femme enceinte (la mère de Tereza), une très jolie femme; cette naissance a gâché la vie de cette beauté ; elle en veut à sa fille, Tereza. Celle-ci est douée pour les études, aime lire, mais est obligée de servir des ivrognes à l’hôtel. Elle veut mériter l’amour de sa mère. Celle-ci a quitté son mari, et s’est accotée à un escroc lubrique. Milieu familial vulgaire, sans pudeur. La mère de Tereza est moins jalouse des maîtresses de son conjoint que des regards lascifs que celui-ci jette sur sa fille. Celle-ci veut s’élever et trouver une meilleure vie. Elle se regarde souvent dans le miroir, cherche à effacer sur son visage les traits de sa mère, pour y découvrir son âme propre.


Un jour, par hasard, elle lève les yeux sur un inconnu, qui tient un livre ouvert, ce qui le distingue de tous les autres clients de l’hôtel. Il lui commande un cognac. Au moment même où elle lui apporte, elle entend le quatuor de Beethoven à la radio. (Un concert lui avait appris déjà cette musique). Puis, elle lui demande le numéro de sa chambre, question de facturation. C’est le numéro 6, c’est le même chiffre de l’immeuble, où elle habitait autrefois avec ses parents. Elle dit Vous avez le 6 et je termine à 6 h. L’inconnu lui répond qu’il prend le train à 7h. Son service terminé, elle le voit assis sur un banc jaune, où elle s’était assise la veille avec un livre. Il l’invite à s’asseoir à ses côtés. Ensuite, elle l’accompagne à la gare. Au quai, il lui remet sa carte de visite. Tous ces hasards éveillent son âme. Un appel de son destin, irrésistible et absolu. Un peu plus tard, elle lui téléphone de la station de Prague, où elle s’est rendue. Elle attend 36 heures, car il ne peut la recevoir le soir même. Elle arrive chez lui avec des crampes au ventre ; son corps lui fait honte. Il la prend dans ses bras, et ils font l’amour.


Elle commence avec cet homme une vie d’enfer. J’ai déjà raconté les cauchemars nocturnes que lui fera subir cet époux qui l’a mariée par pitié, et qui lui a procuré un chiot pour la consoler.


« Le silence se dressait entre eux comme le malheur ».


Tereza continue d’avoir des rêves cauchemardesques dans son sommeil, qui la font sangloter. Tomas la réveille, la console ; elle les lui raconte. « Tomas vivait sous le charme hypnotique de la déchirante beauté des rêves de Tereza ».


Tereza, désespérée, a des fantasmes, soit de participer au jeu sexuel avec les maitresses de son mari, Tomas. Celui-ci ne veut pas comprendre les sous-entendus de son intention. Elle tente de s’approcher du corps de Sabina, qui lui a déjà montré son amitié en lui procurant un emploi de photographie. Elle s’arrange pour la poser nue. À la fin, ils se regardent l’une et l’autre nues dans un miroir. Avec plaisir et excitation sexuelle. Un chapeau melon, élément masculin, coiffe l’une d’elle. Sabina s’était ainsi excitée, devant le miroir, en compagnie de cette même coiffure, qui venait de son ancêtre.


Intention de Tereza à l’égard de son mari infidèle : « Elle voudrait qu’ils se transforment tous deux en créature hermaphrodite et que le corps des autres femmes deviennent leur jouet commun ».



Autre rêve : elle se voyait morte et enterrée depuis longtemps ; puis son mari se mit à la visiter une fois par semaine en frappant à son caveau. Elle avait les yeux plein de terre. Il la lui enlevait. « J’ai des trous à la place des yeux » disait-elle. Ensuite, il s’était absenté longtemps avant qu’il ne revienne. Elle s’abstenait de dormir par peur de « rater » son retour. Ce ne fut qu’après un mois qu’il réapparut ; épuisée d’insomnie, elle peina à sortir de sa tombe. Il lui dit qu’elle avait « mauvaise mine », qu’elle devrait prendre des vacances. Elle savait bien que son intention était qu’il puisse être libre pour fréquenter ses maîtresses ; et quand il reviendrait, elle serait encore plus « moche ».


Ce récit déchira le cœur de Tomas. « Elle était morte et elle faisait d’horribles rêves…il ne pouvait pas la réveiller. Oui, c’était ça la mort ».


La pensée de Tomas reflète ainsi son âme avec ses contradictions. Il préfère ses plaisirs sexuelles avec ses maitresses au détriment de Tereza, son épouse. Il n’éprouve à son égard que de la pitié, tout en continuant de la faire souffrir pas ses infidélités. On peut dire qu’il est égoïste. Ainsi, il vit dans la désespérance et le désespoir. La légèreté de son comportement crée un enfer pour les deux époux.


Auparavant, le romancier fait dire à Tomas qu’entre Tereza et la plus belle femme du monde, que la destinée lui assignerait par nécessité intérieure (en conséquence, aboutissement de la beauté dans sa splendeur totale), lui Tomas renoncerait à cette beauté, pour rester avec Tereza, avec laquelle il s’est marié par compassion, une compassion qui continue à le faire souffrir et qui lui est insupportable. Tomas veut nous faire accroire qu’il ne choisirait pas la beauté dans toute sa splendeur, qu’il braverait cette nécessité intérieure, passerait outre à cette perfection. Si c’est le cas, il est alors un saint ; et donc c’est le renoncement à cette beauté (la plus belle femme du monde), qui devient sa nécessité intérieure. Choix complètement hypothétique, invraisemblable et illogique en regard de son comportement quotidien. Le but de son existence est de collectionner les jouissances de la chair, en les prélevant de ses maîtresses.


Le romancier, après avoir adouci aux époux leur fin de vie, dans le retour à la nature et son romantisme, il les fait mourir ensemble dans un accident d’automobile.


Dernier rêve : Tomas reçoit une convocation par lettre, lui ordonnant de se rendre à l’aérodrome de la ville voisine, la journée même. « elle lut dans ses yeux la même horreur qu’elle venait de ressentir ». Tereza insista pour accompagner son mari. Leur camion les conduisit au terrain d’aviation. Les silhouettes des avions se dessinaient à travers la brume. Elles avaient toutes leurs portes fermées, sauf une, dont la passerelle était descendue ; ils l’escaladèrent. Une steward leur fit signe d’avancer. Il n’y avait personne à l’intérieur. Ils prirent place côte à côte. L’angoisse éprouvée se changea en tristesse. Tereza ressentit alors un amour sans mesure pour Tomas. Elle savait à quoi était destiné son mari. « L’avion atterrit enfin ». En haut de la passerelle, ils virent trois hommes cagoulés portant des fusils. Quand ils mirent le pied sur la piste, l’un d’eux « leva son fusil et mit en joue ». Pas de détonation, mais Tereza sentit le corps de son mari s’affaisser à côté d’elle. Elle ne put retenir son corps qui tomba sur le béton, voulut le couvrir de son propre corps, mais un incident étrange survint. Tomas se mit à rapetisser et une chose minuscule s’en échapper ; celle-ci se mit à courir. L’homme au masque l’enleva, sourit à Tereza, poursuivit la chose qui zigzaguait sur le terrain, la rattrapa, la remit à Tereza. Celle-ci la serra dans ses bras. C’était un lièvre. « De bonheur, elle fondit en larmes ».

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