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Personnages dans Le livre du rire et de l’oubli (M. Kundera)

  • pelarose
  • 6 févr. 2021
  • 6 min de lecture

Mirek a couché avec Zdena il y a plusieurs années. Des lettres d’amour sont en sa possession ; il veut les récupérer. Elle refuse. Il a honte d’avoir eu une relation avec cette fille, vis- à- vis de ses amis. Il voudrait oublier et effacer ce passé. Il n’a plus les mêmes opinions qu’il avait autrefois. Le parti communiste l’a expulsé de ses rangs. Zdena croit encore à l’idéologie de ce parti. En plus, cette fille est laide. C’est une erreur de jeunesse qu’il a commise. Il voudrait rattraper ses actions anciennes. Mais il est arrêté et condamné par la police.


Tamina, veuve, a, au contraire de Mirek, des beaux souvenirs de son défunt mari. Elle voudrait bien récupérer les carnets et les lettres, relatifs à leur vie commune d’autrefois, dont elle a la nostalgie. Mais celle qui les garde, une belle-mère, refuse de les lui remettre. Sa vie ne tient qu’au fil de ses souvenirs. Elle finit par les récupérer, mais elle réalise que d’autres yeux que les siens ont souillé tout ce qu’elle considérait comme un trésor. Ses carnets et lettres ont perdu leur valeur. Un garçon lui fait traverser un fleuve, en lui promettant le bonheur sur une île, où des enfants sont rois et maîtres. Enfants pervers qui s’adonnent avec elle aux jeux de l’amour. Il ne résulte que de la haine de part et d’autre. Elle se sauve à la nage ; elle veut se noyer. Les enfants la rattrapent et ils la regardent sombrer d’une façon cynique au fond des eaux.


Marqueta avait connu Eva au sauna. Toutes les deux nues, elles s’étaient tout de suite liées d’amitié. Eva chasse les hommes comme ceux-ci chassent les femmes. Elle ne cherche pas à les épouser. « L’amour n’existait pas pour elle ». Karel, avant son mariage avec Marqueta, avait eu une relation avec elle. Eva lui avait envoyé une photo provocante parce qu’elle l’avait vu et qu’il lui plaisait. C’était une femme directe qui ne croyait que dans la sexualité. Lors de sa première rencontre avec elle, Karel trouva magnifique de voir Eva se masturber devant lui, alors qu’elle lui tournait le dos.


Karel et Marketa avait convenu, les premiers jours de leur mariage, qu’il était permis au mari d’être infidèle, à condition qu’il la considérât toujours meilleure en amour que ses autres maîtresses.


Marqueta invite chez elle sa nouvelle amie Eva. « Maman », la mère de Karel, séjourne chez eux ; il était prévu qu’elle fût partie à l’arrivée de l’invitée ; astucieuse, elle s’arrange pour prolonger son séjour. Eva lui fait penser à quelqu’un ; cela la tracasse de ne pas se remémorer la personne à qui elle ressemble ; elle finit par s’en souvenir. Nora, une ancienne amie, avec laquelle elle s’était séparée et disputée. Karel s’en rappelle aussi, il avait 4 ans ; il l’avait aperçue nue, lui tournant le dos.


Je ne retiens du reste du roman que les scènes suivantes : celle de la partouze où Marqueta et Eva font l’amour ensemble, devant Karel, qui les prend à tour de rôle ; et celle de la jouissance du rire qui donne le vertige. Le fou rire. La professeure et ses deux élèves dansent en rond, en riant infiniment, s’envolent en l’air dans un cercle lumineux, extatique, comme des anges ; et Sarah est exclue de cette sororité, elle qui a donné un coup de pied dans le cul de ses consœurs ; Sarah, sœur de l’auteur, Kundera, en ce sens que lui aussi a dû s’exiler de sa patrie la Bohême, comme les juifs de la terre promise.


Cette ronde correspond à celle, des femmes autour de la piscine, dans le rêve de Tereza (L’insoutenable légèreté de l’être), où elles s’esclaffent de rire, quand les unes après les autres tombent mortes dans la piscine, sous les balles de Tomas. Jouissance et vertige vers le bas, vers la mort, vers le désespoir. Orgie dionysiaque. Comme Tereza qui désespérée veut retourner, à un moment donné, dans son milieu familial trivial du temps de sa jeunesse avec sa mère impudique, qui pétait et se montrait nue à la fenêtre, avec ses amies, ses semblables, dans des divertissements éhontés.


La Plaisanterie, de Milan Kundera


Ludvik Jahn adresse une carte postale à Marketa, dans laquelle, sous forme de plaisanterie, il écrit : « L’optimisme est l’opium du genre humain. L’esprit sain pue la connerie ! Vive Trotski ! ». Le comité communiste des étudiants de la faculté le démet de ses fonctions qu’il avait dans le Parti. Ensuite, il en est expulsé et interdit de continuer ses études universitaires. Car cette idéologie va à l’encontre de celle qui est prônée par le Parti communiste russe au pouvoir ; tous ses collègues, Pavel Zemanek en tête, président du comité des étudiants, Helena, son alliée, Marketa, amie de Ludvik, dont il est amoureux, tous le désapprouvent, le désavouent, et ils ont voté son renvoi de l’université. Il a beau affirmer que ce n’était qu’une blague d’étudiant, personne ne le croit. Ils sont convaincus qu’au fond de Ludvik, il y a des résidus d’individualisme qui sont incompatibles avec la doctrine du communisme, qui préconise le collectivisme. Le prolétariat et la classe ouvrière au pouvoir. En outre, vu qu’il n’est plus exempté du service militaire en tant qu’étudiant, il est condamné à travailler dans les mines, pendant deux années (puis il y restera 4 ans), chez les Noirs, groupe d’individus, classés comme rebelles et ennemis de l’État. Ils vivent toutefois dans les mêmes casernes que ceux qui font leur service militaire normal. Un écusson noir sur leur vêtement les distingue de ceux-ci ; à la caserne, Ludvik tombe amoureux de Lucie, un être blessé, renfermé. Elle a peur de l’amour. (Viol par six gars). Flirt avec Ludvik ; il l’aime ; elle se refuse à lui, il la gifle. Il ne la reverra qu’une seule fois sans qu’il la remette. Il pensera toujours à elle.


Au début Ludvik lutte pour réintégrer les rangs du parti. Ses démarches contre cette injustice n’aboutissent pas. Peu à peu, il réalise et songe que ce que le contenu de la carte postale était, en son for intérieur, ce qu’il pensait réellement du parti communiste. Il se rend compte que ce régime procède à la dépersonnalisation humaine de l’individu. Il accepte alors sa dissemblance. Marketa qu’il aimait le condamne aussi dans ses opinions. Il lui est impossible d’admettre qu’il a commis une erreur. Il ne peut plus lui accorder son amour. Ce qui va le tarauder maintenant, c’est de murir sa vengeance contre le conjoint de Helena, Pavel Zemanek, dont le vote a été prépondérant, celui par qui sa vie a été détruite. Pour ce faire, son intention est de séduire sa femme, de la faire entrer dans son lit. Il ne lui pardonne pas son geste ; il comprendra à la fin que ne pas pardonner le conduira en enfer. Son ami Kostka d’une « sourcilleuse moralité » lui avait conseillé de pardonner. Mais lui, libertin et friand de femmes, lui avait dit qu’il allait faire « une belle destruction ».


Mais il est pris au piège. Car cette femme Helena est sur le point de se séparer de son mari, elle ne l’aime plus, et lui non plus ; il a déjà une jeune maîtresse ; cela Ludvik l’ignore. En outre, Helena a toujours été amoureuse de Ludvik. La séduction n’est plus qu’un jeu d’enfant. Elle est folle de lui. `D’autant plus après des débats d’amour intenses, pendant lesquels il ne fait que lui garantir l’authenticité de son amour, alors que ce n’est que sa haine qu’il assouvissait dans sa vengeance. S’apercevant de son erreur, qu’il a jeté la pierre contre la mauvaise personne, il est honteux de sa conduite et de sa bassesse à l’égard d’Helena qu’il a trahie. Celle-ci, amoureuse folle de lui, le seul amour de sa vie, devient livide et tremble quand il lui apprend qu’il ne l’aime pas, qu’il la quitte. Elle s’accroche à lui et ne le croit pas. Elle est dévastée. Au début du roman, son ami l’avait mis en garde en lui disant qu’il pouvait s’illusionner en disant qu’il avait besoin de son studio pour faire une « belle destruction », que cela pouvait signifier galvauder des valeurs.


Helena, désespérée, avale une bouteille de comprimés, qui appartient à son chauffeur, un jeune garçon qui est amoureux d’elle. Mais ces médicaments ne sont que des laxatifs.


Le roman se termine par la Chevauchée des Rois, par de la musique folklorique avec orchestre : cymbalum, clarinette et violon, et des considérations nostalgiques sur la beauté des anciennes traditions et la laideur du monde moderne.


Conclusion


On peut dire sans se tromper que tout le monde peut tirer profit à fréquenter les romans de Milan Kundera. Je crois que son œuvre est une dénonciation majeure de ce qui se passe dans le monde contemporain et un témoignage, qui n’a rien de réjouissant pour l’avenir. Désespoir et désespérance sont au rendez-vous. Un ressort pour agir à l’encontre de tout ce qui est écrit, ou presque, car des passages donnent un éclairage éclatant de vérité. Ma curiosité à lire cet auteur n’est pas rassasiée comme je l’ai laissé entendre. J’avais et j’ai d’autres chats à fouetter pour le moment.

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Le double fond de l'inconscient.

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© 2023 Pierre-Émile Larose, auteur, artiste peintre

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